• Après une année 0 guère concluante, l'année 1 de l'utilisation des ceintures de compétences se passe mieux et commence à prendre une forme intéressante.

    Voici un petit bilan de ce premier trimestre.

    Cette année, ma classe est composée de 21 élèves. Le niveau est relativement bon avec néanmoins 5 élèves en décalage qui ont besoin d'une aide renforcée. J'ai ma classe 3 jours et demi par semaine, direction oblige.

    J'ai réussi à embarquer mes 2 collègues de cycle 2 dans le suivi du référentiel, ce qui me permet de donner aux élèves tout le référentiel de leur cycle. Ce référentiel est celui de la team c2c : ici. Il est centré sur le français et les mathématiques.

     

    Mise en place...

    La présentation du dispositif aux parents lors de la réunion de rentrée n'a soulevé aucune question, aucune réserve. Presque déçu car je m'étais attendu à des interrogations. Même des marques d'intérêt... Mais non.

    Pour ce qui est des élèves, ils ont tout de suite été emballés. Le côté ludique des ateliers, le fait d'avoir chacun leur référentiel des ceintures... Et même, pour certains, les premières questions sur "Qu'est-ce que je dois savoir faire pour avoir la ceinture blanche... rose... jaune... orange... ?"

    Dans mon emploi du temps, j'ai essayé de répartir les créneaux d'ateliers ceintures sur 3 jours, entre 30 et 45 minutes par jour. Ce temps fluctue au fil des semaines, parfois en augmentant, parfois en diminuant, en fonction des projets de classe, des besoins. 

    Je ne suis pas de méthode en lecture. Je travaille par lecture d'albums avec des exercices faits maison et des temps forts en phonologie. De même, pas de manuel en mathématiques. J'utilise les 2 cahiers BoutdeGomme (ici et ici) et les guides du maître de différents manuels. En étude de la langue, j'utilise les ouvrages de chez Retz (grammaire et vocabulaire) ainsi que celui de Françoise Picot (par ici). Ce qui me laisse une certaine souplesse, et même une souplesse certaine, pour m'adapter à la progression du référentiel des ceintures.

    Pour ne pas reproduire mon erreur de l'année dernière, j'ai été vigilant à avoir tous mes ateliers prêts avant la rentrée. C'est LE gros travail des ceintures en année 1 et le temps nécessaire est conséquent. Heureusement, j'ai la chance de faire partie d'une extraordinaire équipe d'enseignants en réseau. Nous avons mutualisé nos outils, nos propositions d'ateliers, utilisé les compétences (les talents !!!) de chacun(e), pour arriver à un éventail d'ateliers clef en mains. Cela a réduit une partie du temps de conception. Ne restait plus qu'à les fabriquer. Là, pas le choix, on est seul, sauf si l'équipe d'école est partie prenante.

    Dans l'équipe, nous progressons par niveau de ceintures. Une fois que tous les outils pour les ceintures blanches sont prêts, nous passons aux roses, etc... Malgré toute cette aide, je n'ai pas pu préparer tous mes ateliers pour l'année entière. Pour la rentrée septembre, les ceintures blanches étaient prêtes. Mes élèves les ont terminées en milieu de 2ème période. Malheureusement, les ateliers des ceintures roses n'étaient pas tous opérationnels. De ce fait, certains de mes élèves ont été freinés par le dispositif. Cela ne les a pas empêchés de continuer à avancer mais quelque peu en marge du dispositif.

    Heureusement, en année 2, tous les ateliers seront prêts, et, à part le temps d'enrichissement avec de nouveaux ateliers, la charge de travail sera grandement allégée.

    Je ne peux que conseiller les collègues, qui se lanceraient dans le dispositif, de trouver/constituer une équipe afin de mutualiser le travail, mais aussi, pouvoir échanger sur ses doutes, ses trouvailles, ses réussites, ses échecs. Cela aide énormément !

    Par manque de place, et parce que l'un des murs de la classe est troué de chevilles à placo, vestige d'anciennes étagères, j'ai réalisé un mur des ceintures :

     

     Déroulement...

    Mes élèves ont deux plans de travail, repris du fonctionnement de @vtileti .

     

     

     

     

    Une présentation des ateliers avait été faite au préalable. Ils n'ont pas eu de souci pour se repérer dans les ateliers et ont rapidement été assez autonomes pour trouver leur atelier, le travailler, le ranger. 

    Quelques élèves (5-6) reprenaient le même atelier à chaque séance. Les ateliers les plus ludiques. J'ai choisi de ne rien leur dire, de les laisser faire, en rappelant néanmoins à la classe entière que les ateliers servaient à se préparer à la validation des ceintures. Et c'est l'obstacle qu'ont rencontré ces quelques élèves : à l'étape de la validation, ils se sont retrouvés en échec. Heureusement le dispositif des ceintures permet l'échec. Avec eux, j'ai ciblé les ateliers qu'ils devaient travailler, ceux qu'ils n'avaient plus besoin d'utiliser. Nous avons mis du fluo sur leurs plans de travail. 

    Le tableau des ceintures affiché, même si ce n'est pas son rôle premier, a joué l'effet de déclencheur pour certains élèves qui ne prenaient les ateliers que comme un moment de jeu. En voyant leurs camarades obtenir leurs premières ceintures, ils se sont davantage investis dans le dispositif et ont pris les choses avec un peu plus de sérieux.

    Pendant le temps d'ateliers des ceintures, il n'y a plus de places attribuées pour les élèves (de toutes façons je m'oriente vers une classe avec un fonctionnement plus maternelle de ce côté-là). J'ai des élèves partout : derrière une table, par-terre, dans le coin lecture, ... Tout dépend de leur atelier, de l'installation qu'il suppose.

    Certaines ceintures ne sont pas travaillées par les ateliers. Elles sont préparées par des séances de classe "classiques". Les ateliers viennent comme une phase d'exercices d'application. Des élèves ont présenté leur validation sans avoir travaillé l'atelier correspondant.

    Une difficulté réside dans le suivi des élèves. Je suis trop sollicité par les élèves pendant le temps d'ateliers pour voir véritablement ce qu'il se passe dans la classe. Je m'y suis contraint à de rares occasions. Les sollicitations sont pour la plupart dans un but de validation d'un exercice des ateliers. Un élève va donc venir me voir 10-15 fois pour que je lui dise "oui, c'est ça, continue". Quelques unes des collègues de l'équipe utilisent des photos pour la validation : l'élève prend son exercice en photo avec son étiquette prénom. L'enseignante n'a plus qu'à vérifier les photos en fin de journée et à valider/ajuster le plan de travail. Je n'ai pas pu essayer cette méthode faute de matériel.

    Je n'ai aucun matériel numérique dans la classe, si ce n'est mon matériel personnel. Je pense que ce matériel permettrait d'autres pratiques d'entraînement, d'utilisation de ressources, de validation. Des ressources comme celles des Fondamentaux me semblent très intéressantes pour mes CP non-lecteurs.

    Pour ce qui est de ma position d'enseignant le plus difficile est... de leur faire confiance, les lâcher ! Car je les vois apprendre sans moi ! Certes je leur ai apporté tous les ingrédients, les supports mais ensuite ce sont eux qui transforment tout cela en savoirs, compétences. C'est un plaisir de les voir progresser ainsi mais cela déstabilise quelque peu. Mais on s'y fait. Et c'est un réel plaisir que des les entendre partager leurs nouveaux savoirs, leurs nouvelles techniques. Avec eux, nous avons ainsi réalisé des nouveaux outils notamment en mathématiques.

    Au début du trimestre, les ateliers venaient en redondance avec les séances classiques. Mais, au fil du temps, mes séances se sont allégées : je ne garde plus que les phases découvertes et constructions des notions. La phase d'entraînement se fait en ateliers. Il me faut trouver un temps pour la formalisation. A réfléchir.

     

    Conclusion intermédiaire...

    Les élèves débutants dans le dispositif, je n'ai pas pu mettre en place véritablement le pan coopératif des ceintures, le tutorat. Cela sera pour la suite de l'année scolaire.

    J'observe une réelle prise en main de leurs apprentissages par les élèves. Certains emportent d'eux-mêmes leur cahier de poésie à la maison pour réviser. Ils acceptent aussi mieux leurs échecs car ce ne sont plus des échecs définitifs : ne pas réussir est juste le signe du besoin d'un travail supplémentaire pour y arriver. Quand la ceinture d'un élève n'est pas validée, il me demande juste l'atelier qu'il doit faire pour y arriver. Tous les élèves, même ceux qui anticipent leurs échecs, se retrouvent en position de réussir.

    Ils se sont véritablement accaparé l'outil, leur référentiel leur fait référence. C'est ce qu'ils ont montré en premier à leur parents à la fin de la période.

    Il me faut travailler la fluidité de l'enchaînement atelier-validation-pointage des acquis pour le côté institutionnel du suivi. Trouver comment adapter le fonctionnement du LSU au fonctionnement en ceintures. L'équipe a construit des outils de suivi mais il me manque un maillon entre ces outils et la demande institutionnelle.

    Voici pour ce bilan intermédiaire... A suivre...

     

     


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